Les ours du Jura

Les ours du Jura : de leur disparition à leur réintroduction.

FAUNENATURE

2/16/20253 min read

Quand on vous parle d'ours, vous pensez certainement aux Pyrénées voire aux Alpes. Saviez-vous, cependant, que l'ours brun était bien présent dans le massif jurassien jusque la première moitié du XIXème siècle?

Seul l’ours brun d'Europe était présent. Ce dernier, une sous-espèce de l’ours brun (au même titre que le grizzli présent en Amérique du Nord) existe sur le sol européen depuis au moins 70 000 ans.

La disparition de l’ours dans le massif du Jura remonte aux années 1870, les derniers individus ayant été abattus dans le Pays de Gex.

Pour cause, la précarité a poussé la population environnante à gagner de l’argent par tous les moyens. En effet, la France de la première moitié du XIXème siècle est marquée par une industrialisation précoce, certes, mais lente. De plus, cette dynamique est à accorder avec une croissance démographique faible. Le résultat est que la France ne connaitra son essor économique qu’à partir du second empire avec l'arrivée de Napoléon III. Le Jura, quant à lui, exploitera énormément ses bois afin de survivre, cependant cette grande exploitation forestière mènera à une baisse des prix du fait d’une offre surpassant la demande.

Cela désigna ainsi l’ours et le loup comme des prédateurs dangereux, qui, lorsque la forêt diminuait, partaient dans les villes et villages, poussant ainsi d’autant plus à leur élimination.

Les villageois des contrées alentours se retrouvaient ainsi victimes des aléas dûs aux prédateurs des forêts.

Ce ne sera qu’en 1962 que la chasse à l'ours fut définitivement interdite.

En conséquence, la France et l'Union européenne ont réagi à ces extinctions de masse ; à titre de comparaison, il ne restait plus que 5 ours dans les Pyrénées en 1995 pour toute la France. Des programmes de réintroduction ont alors été engagés. La France publie l'arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des mammifères terrestres qui doivent être protégés sur l'ensemble du territoire ainsi que les modalités de leur protection, et l’UE adoptera la directive 92/43 de 1992. Ainsi, en 2021, la population est alors estimée à 70 individus selon le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.

Les ours furent pistés, traqués, et tous tués pour finir comme des trophées pour certains ou pour faire profit. Leur chasse était à l’époque non seulement légale, mais était aussi encouragée par la mise en place de primes. Les chasseurs qui parvenaient à abattre des ours en tiraient ainsi un revenu conséquent grâce à la vente de la peau, de la viande, de la graisse, etc… et les récompenses dues à leur chasse. La vente de la viande rapportait beaucoup sur le marché à Genève, tandis que la peau d'un ours équivalait à une année de salaire pour un ouvrier.

Ainsi de célèbres tueurs d’ours feront leur apparition tel que Joseph Grosfillex, qui tua près de 25 individus entre 1840 et 1856 près du Creux de l'Envers.

De nombreux oursons furent prélevés pour des montreurs d’ours, venus généralement des Pyrénées, ce qui a eu un impact significatif sur la faible population restante. Finalement ce sera par ces même montreurs d’ours que les derniers ours du Jura vécurent avant leur extinction totale du massif jurassien.

Les derniers ours du Jura ici à Thoiry, un village dans l'Ain frontalier au Jura

La lutte s'étend à bien d'autres espèces ; le Lynx, réintroduit au coeur du massif Suisse dans les années 70, nous donne l'espoir de revoir un jour des ours dans les montagnes jurassiennes.

Aujourd'hui la question de sa réintroduction est encore sujette à controverses, l'ours étant d'ailleurs la seule espèce à ne pas avoir été réintroduite. En effet, le lynx , le cerf et le bison d'Europe (en cours de réintroduction en Suisse) ont subi un retour plus favorable après leur disparition dans le massif. La cohabitation entre l’ours et l’homme est au centre du débat. Même si, comme tous les grands prédateurs, l’ours à naturellement peur de l'homme et l'évite, le risque de confrontation est très faible mais non nul. Le plus grand obstacle à la conservation et la réintroduction des espèces dans le massif est la disparition de leur habitat naturel.